La rotation des cultures doit permettre d'économiser les ressources du sol, d'une part en prélevant des éléments minéraux différents (les besoins en azote, phosphore et potassium sont variables suivant les végétaux), d'autre part en les prélevant à des profondeurs différentes (fonction des systèmes racinaires).
Qui plus est, certains nuisibles étant spécialisés (doryphore pour la pomme de terre, ver du poireau, etc), la rotation contribue à rompre le cycle vital de ces organismes en les privant d'un environnement favorable. Il est à noter que ce phénomène s'applique aussi aux maladies et à certaines adventices.
Dans cette page, nous nous concentrons sur la partie agronomique de la rotation, sans tenir compte du point de vue financier qui peut inciter l'agriculteur à semer en priorité ce qui a un bon rendement et un bon prix de vente…
[rotation != assolement]
Principe de construction d'une rotation :
À lire :
Pour mettre en place ce système de culture, il faut donc commencer par regrouper les plantes potagères en fonction de leurs besoins en nutriments. Celles-ci forment alors 3 groupes principaux :
Les fruits seront consommateurs d'acide phosphorique (P).
(* : légumineuses apportant de l'azote au sol)
Les feuilles prélèveront beaucoup d'azote (N).
Les racines utilisent la Potasse (K).
(bien que la pomme de terre fasse partie de ce groupe, les grandes quantités cultivés alliées à sa capacité à nettoyer le sol font qu'elle est cultivée à part)
Note : Les plantes qui doivent rester en place plusieurs années, comme les fraisiers ou la rhubarbe, sont naturellement exclues de cette rotation.
Un cycle de 3 ans n'étant pas suffisant au niveau des nuisibles et des maladies, il faut inclure la culture des pommes de terre et une période de repos (jachère) dans le cycle. Concrètement, il faut donc subdiviser la surface intervenant dans la rotation en 5 parties égales et enchaîner les cultures au fil des ans.
Exemple général de rotation :
Année 1 | Année 2 | Année 3 | Année 4 | Année 5 | |
---|---|---|---|---|---|
Parcelle 1 | jachère* | pommes de terre | graines/fruits | feuilles | racines/bulbes |
Parcelle 2 | pommes de terre | graines/fruits | feuilles | racines/bulbes | jachère* |
Parcelle 3 | graines/fruits | feuilles | racines/bulbes | jachère* | pommes de terre |
Parcelle 4 | feuilles | racines/bulbes | jachère* | pommes de terre | graines/fruits |
Parcelle 5 | racines/bulbes | jachère* | pommes de terre | graines/fruits | feuilles |
* : la jachère peut être utilisée pour planter un engrais vert, de type moutarde ou trèfle.
Note 1 : si l'on souhaite déplacer la parcelle contenant les cultures pérennes, il suffit de l'implanter sur une jachère au moment adéquat. Par exemple, si l'on utilise la durée de vie des fraisiers comme fréquence (c'est à dire environ 3 ans), la parcelle des plantes vivaces (parcelle 6) prendra la place de la parcelle 3 la quatrième année, la jachère se retrouvant sur la parcelle 6.
Note 2 : le combat contre les maladies et les adventices doit s'accompagner d'une bonne technique de compostage (le compost doit absolument atteindre une température suffisamment élevé pour garantir la destruction des mauvaise graines et des agents pathogènes.
Bien qu'il soit évident que chaque parcelle recevra chaque année plusieurs types de légumes appartenant au même groupe (autrement dit, on pourra cultiver la même année des courgettes, des haricots et des tomates sur la parcelle “graines/fruits”), je vais détailler la rotation sur les 4 légumes de base du maraîchage, à savoir : la pomme de terre, la tomate, la salade et la carotte. Parcelle 1, année 1 : jachère
Puisqu'il n'y aura pas de culture productive cette année là sur la parcelle, c'est l'occasion de travailler le sol pour le nettoyer (destruction des adventices) et améliorer sa structure et sa fertilité.
Le nettoyage peut être réalisé par désherbage thermique ou par enfouissement lors de labours (des labours successifs font germer les mauvaises herbes tout en enfouissant les précédentes).
En terme d'amendement (amélioration de la structure du sol), on peut être amené à remonter le pH du sol par chaulage (apport de chaux ou équivalent) dans les terres acides (il faut noter que le nitrate d'ammonium, engrais azoté, fait baisser le pH). Les pailles et autres restes contenus dans les fumiers peuvent aussi servir d'amendement, mais en jouant cette fois sur la structure.
Pour la fertilité, on peut réaliser une fumure (apport de fumier) et/ou planter un engrais vert.
Récapitulatif des teneurs NPK des fumiers (il est bien sûr préférable de faire analyser le sien) :
Azote (N) | Phosphore (P) | Potassium (K) | |
---|---|---|---|
Bovin | 5,5 kg/m3 | 3,5 kg/m3 | 8 kg/m3 |
Porcin | 4,5 kg/m3 | 4 kg/m3 | 5,5 kg/m3 |
Ovin | 6 kg/m3 | 4 kg/m3 | 11 kg/m3 |
Caprin | 6 kg/m3 | 5 kg/m3 | 5,5 kg/m3 |
Volaille | 11,5 kg/m3 | 14 kg/m3 | 8 kg/m3 |
Remarque : Bovins 1m3 = environ 3/4 de tonne - Volailles 1m3 = environ 1/2 tonne
Note : la matière organique contenue dans les fumiers n'étant pas directement assimilable par les plantes, il faut attendre que les éléments soient minéralisés par les bactéries du sol. Cette transformation dépendant de la teneur en humus de la terre, du taux d'humidité et de la chaleur, un fumier répandu au printemps se décomposera beaucoup plus rapidement qu'un fumier répandu en automne. Pour faire simple, on estime que les éléments minéraux sont disponibles à 50% la première année, et à 30% la seconde.
Au niveau des engrais verts, seul l'azote (N) est concernée et l'on peut noter un apport de 20 kg/ha. Cela permet également de lutter contre les adventices en assurant un couvert sur un champ qui serait autrement nu et de limiter ainsi l'érosion, la battance du sol et le lessivage des nitrates. Les cultures doivent être fauchés avant l'apparition de graines.
On peut utiliser le trèfle en terrain acide et la luzerne en terrain alcalin.